• Il a dévalé la colline,
    Ses pieds faisaient rouler des pierres.
    Là-haut, entre les quatre murs,
    La sirène chantait sans joie.
    Il respirait l'odeur des arbres,
    Il respirait de tout son corps,
    La lumière l'accompagnait
    Et lui faisait danser son ombre.
    Pourvu qu'ils me laissent le temps !
    Il sautait à travers les herbes,
    Il a cueilli deux feuilles jaunes
    Gorgées de sève et de soleil.
    Les canons d'acier bleu crachaient
    De courtes flammes de feu sec.
    Pourvu qu'ils me laissent le temps !
    Il est arrivé près de l'eau,
    Il y a plongé son visage,
    Il riait de joie, il a bu.
    Pourvu qu'ils me laissent le temps !
    Il s'est relevé pour sauter.
    Pourvu qu'ils me laissent le temps !
    Une abeille de cuivre chaud
    L'a foudroyé sur l'autre rive.
    Le sang et l'eau se sont mêlés.
    Il avait eu le temps de voir,
    Le temps de boire à ce ruisseau,
    Le temps de porter à sa bouche
    Deux feuilles gorgées de soleil,
    Le temps de rire aux assassins,
    Le temps d'atteindre l'autre rive,
    Le temps de courir vers la femme.
    Juste le temps de vivre.

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