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Par
Plumes1 dans
Contes célèbres le
21 Septembre 2007 à 12:21
Un homme avait sept fils et aucune fille, alors qu'il désirait
vraiment en avoir une. Mais un jour, sa femme le combla de joie en
donnant enfin naissance à une fille. La joie des parents fut immense,
mais hélas, le bébé était si petit et si chétif qu'on jugea nécessaire
de le baptiser de toute urgence. Le père envoya vite un de ses
fils à la source afin qu'il y puisât l'eau du baptême, mais les six
autres l'y suivirent et comme chacun voulut être le premier à puiser,
la cruche tomba à l'eau. Les sept garçons restèrent là, ne sachant que
faire et n'osant surtout pas rentrer chez eux. Ne les voyant
pas revenir, le père s'impatienta et dit: "Les garnements sont
certainement en train de s'amuser et ont oublié la pauvre petite!" Il
avait tellement peur que le bébé meure sans baptême qu'il s'emporta:
"Je voudrais les voir tous transformés en corbeaux!" A peine
eut-il prononcé ces paroles, qu'il entendit des battements d'ailes
au-dessus de sa tête. Il leva les yeux et vit s'envoler sept corbeaux
noirs. Les parents ne pouvaient rompre la malédiction et leur
peine était immense d'avoir ainsi perdu leurs sept fils. Néanmoins, ils
se consolèrent quelque peu en constatant que leur chère petite fille
recouvrait ses forces et embellissait de jour en jour. Pendant
très longtemps, la petite ignora qu'elle avait eu des frères, car ses
parents se gardaient bien d'y faire la moindre allusion. Mais un jour,
elle surprit par hasard une conversation à son sujet: on disait qu'elle
était bien jolie, mais qu'elle était tout de même responsable du
malheur qui avait frappé ses sept frères. Toute bouleversée, elle
courut demander à son père et à sa mère si elle avait bien eu des
frères et ce qu'il était advenu d'eux. Ses parents ne purent
garder le secret plus longtemps. Ils l'assurèrent que seul le ciel
avait voulu tout ce qui s'était passé. Sa naissance n'avait été que la
cause indirecte de cette malédiction. Cependant, de jour en jour, la
fillette se sentait davantage coupable et était persuadée qu'elle
devait absolument délivrer ses frères. Elle ne connut ni trêve ni repos
jusqu'au jour où elle partit parcourir le vaste monde: elle
retrouverait ses frères, où qu'ils soient, et les délivrerait à
n'importe quel prix. Elle n'emporta qu'une petite bague en souvenir de
ses parents, une miche de pain contre la faim, un cruchon d'eau contre
la soif et une petite chaise pour se reposer. Alors elle s'en
alla loin, très loin, jusqu'au bout du monde. Elle s'approcha du
soleil, mais il était brûlant, effrayant et mangeait les jeunes
enfants. Elle s'enfuit à toutes jambes et courut vers la lune, mais
celle-ci était glaciale, sinistre et méchante. Lorsqu'elle aperçut la
fillette, elle dit: "Je sens, je sens l'odeur de la chair humaine." La
petite fille s'éloigna aussi vite qu'elle le put et arriva auprès des
étoiles, qui l'accueillirent avec bonté. Chaque étoile était assise sur
sa petite chaise personnelle. L'étoile du matin se leva, lui tendit un
petit os de poulet et dit: "Sans cet osselet, tu ne pourras pas ouvrir
la Montagne de Verre où se trouvent tes frères." La fillette
prit l'osselet, l'enroula précieusement dans son mouchoir et reprit sa
route jusqu'à ce qu'elle fût arrivée à la Montagne de Verre. La porte
était fermée; la petite voulut donc sortir le petit os, mais quand elle
dénoua son minuscule mouchoir, il contenait non plus un os de poulet,
mais une petite clé en or. Quand elle s'avança à l'intérieur, un nain vint à sa rencontre et lui demanda: "Que cherches-tu, mon enfant?"
"Je cherche mes frères, les sept corbeaux", répondit-elle. Et le nain déclara: "Messieurs les corbeaux ne sont pas à la maison, mais si tu veux attendre ici leur retour, entre donc!" Le
nain se mit alors à servir le repas des corbeaux dans sept petites
assiettes et sept petits gobelets. La petite soeur mangea une bouchée
de chaque petite assiette et but une gorgée de chaque petit gobelet;
dans le dernier gobelet, elle laissa tomber la bague qu'elle avait
emportée avec elle. Tout à coup, on entendit dans l'air des
battements d'ailes et des croassements. Le nain dit alors: "Voici
Messieurs les corbeaux qui rentrent." Dès qu'ils furent arrivés, ils voulurent manger et boire et chacun chercha donc son assiette et son gobelet.
Tous,
l'un après l'autre, s'étonnèrent: "Qui donc a mangé dans mon assiette?
Qui a bu dans mon gobelet? Une bouche humaine est passée par là!" Et
comme le septième corbeau arrivait au fond de son gobelet, la petite
bague roula devant lui. Il la regarda et reconnut la bague qui avait
appartenu à son père et à sa mère. "Mon Dieu! si notre petite soeur
pouvait être là", s'exclama-t-il, "nous serions délivrés!" En
entendant ce souhait, la fillette, qui se tenait cachée derrière la
porte, s'avança vers les sept corbeaux qui retrouvèrent instantanément
leur forme humaine. Ils s'embrassèrent chaleureusement, puis reprirent
tous ensemble joyeusement le chemin de la maison.
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Merci donc beaucoup !